A travers la Zambie

Nouveau passage de frontiĂšre, cette fois-ci entre la Tanzanie et la Zambie. Pour la premiĂšre fois notre carnet de vaccination est contrĂŽlĂ©, par une jeune femme au prĂ©nom de Happy. C’est essentiellement le vaccin contre la fiĂšvre jeune qui l’intĂ©resse.  Au guichet de l’émigration, oĂč une poule couve ses Ɠufs derriĂšre une armoire, ça ira trĂšs vite Ă©galement. Environ 1 km plus loin nous arrivons Ă  la douane Zambienne. Nous sommes reçus par un jeune homme qui remplit un document et qui nous informe que tout est OK. Nous lui demandons de bien vouloir remplir et cacheter les carnets de douane. Seul le chief peut apposer un cachet sur les carnets de douane mais il n’est pas lĂ . Il va essayer de le contacter, il est vrai que nous sommes samedi. Il nous informe qu’il sera lĂ  dans 45 minutes. Nous attendrons une bonne heure et nous en profiterons pour faire une sieste rĂ©paratrice bien Ă  l’abri du soleil.

Le chief arrive, un gars plus ĂągĂ© rondouillard et sympathique. Il s’excuse pour son retard, ça ne nous pose aucun problĂšme maintenant que nous sommes bien en mode Afrique. Il remplira consciencieusement les carnets et nous devrons nous acquitter d’une taxe carbone de 6,00 € par moto. On s’apprĂȘte Ă  partir quand nous nous faisons alpaguer par la responsable de l’immigration : « avez-vous fait remplir vos passeports, puis-je les voir ? Â». « Vous voulez vous faire arrĂȘter et vous retrouver en prison ?» Houps on a zappĂ© l’émigration, 25,00$ pour le visa par personne un cachet sur le passeport et c’est rĂ©glĂ©.

Nous nous arrĂȘtons une quinzaine de kilomĂštres aprĂšs la frontiĂšre dans un campsite qui borde la lac chila. Comme nous restons deux jours, nous en profitons pour faire laver notre linge. Ben oui faire notre lessive nous mĂȘme Ă  la main, c’est vraiment en cas d’urgence, quand nous avons utilisĂ©s les quatre faces de nos slips đŸ˜‰

Fin d’aprĂšs-midi nous entendons de la musique qui provient du bord du lac Ă  quelques centaines de mĂštres du camp. Au son des instruments nous constatons qu’il s’agit d’un concert. AprĂšs le souper nous dĂ©cidons de nous rendre sur place. Il s’agit d’un bistro Ă  la mode oĂč des groupes locaux se produisent. Le patron nous rĂ©serve un bon accueil et nous met Ă  disposition deux chaises. Nous passerons une bonne soirĂ©e sur des rythmes africains Ă  discuter avec deux jeunes de la rĂ©gion, qui sont venus vers nous en voyant sur nos vĂȘtements, notre logo avec le continent Africain.

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Il ne cesse de pleuvoir et il fait froid. Nous nous sommes habituĂ©s Ă  la chaleur, maintenant quand le mercure passe sous les 20 degrĂ©s nous avons froid. Nous passons une bonne partie de la journĂ©e sous notre tente. J’en profite pour rĂ©diger tout ce qui me passe par la tĂȘte pendant que François prĂ©pare l’itinĂ©raire des prochains jours

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Nous nous prĂ©parons pour partir, nous replions les tentes qui sont dĂ©trempĂ©es. Notre linge n’est Ă©videmment pas sec puisqu’il a plu toute la journĂ©e hier et toute la nuit. Nous sommes obligĂ©s de l’emballer dans un sac poubelle en plastique. 

AprĂšs environ 170 km de route nous atteignons notre destination sous un soleil radieux, les chutes Chishimba. Waouuuu magnifique endroit. Nous commençons par abouter toutes nos sangles et nous les attachons entre deux arbres pour rapidement mettre sĂ©cher notre linge.  Nous dĂ©plions nos tentes pour les faire sĂ©cher Ă©galement.

Nous passerons une belle fin d’aprĂšs-midi et une bonne soirĂ©e. La nuit sera pluvieuse: des trombes d’eau s’abattent sous un violent orage. Je me rĂ©veille en dĂ©but de nuit, en appuyant la main sur le tapis de sol de la tente, j’ai l’impression d’ĂȘtre sur un matelas Ă  eau. Mon sang ne fait qu’un tour, je jette toutes mes affaires dans mon sac et j’enfile mes vĂȘtements de pluie pensant que le lac dĂ©borde et que je vais devoir dĂ©placer ma tente. Je plaque ma frontale sur le front et je m’extrais de la tente, il tombe des cordes. Je crie aprĂšs François deux fois, rien ne se produit. Je fais le tour des tentes et je constate qu’il y a des torrents d’eau de part et d’autre de celles-ci, et Ă©galement entre les tentes. Il y a bien un peu d’eau qui passe sous la tente mais ce n’est pas inquiĂ©tant. Je me dis qu’on a vraiment de la chance que les tentes soient placĂ©es juste entre ces torrents. Seule ma moto se trouve dans une de ces coulĂ©es d’eau. Je redoute que la bĂ©quille s’enfonce et qu’elle finisse par tomber. Je dĂ©cide de la dĂ©placer, je la mets en route et je passe entre les deux tentes pour aller la stationner sur une zone plus sĂ©cure. Toujours aucune rĂ©action de François, je crois que le train pourrait passer dans sa tente sans qu’il s’en aperçoive. Je refais un tour pour m’assurer que tout est ok et je retourne dans ma tente. Je vous passe les dĂ©tails pour rentrer dans une tente avec des vĂȘtements de pluie qui ruissellent et des chaussures de marche complĂštement rincĂ©es sans en foutre partout.

Le lendemain matin au rĂ©veil, il ne pleut plus cependant tout est trempĂ©. Nous profitons de cette accalmie pour aller voir les trois cascades du site. Elles sont magnifiques, quel spectacle. Au retour nous dĂ©jeunons et nous partons faire des courses dans la ville la plus proche Ă  36 km. Au retour Ă  trois kilomĂštres avant d’arriver, une nouvelle averse orageuse nous rincera jusqu’au calebar.

Le lendemain matin aprĂšs une nouvelle nuit sous les hospices de la pluie, au rĂ©veil j’ouvre ma tente et je prends une photo du lac depuis l’intĂ©rieur de ma tente. Je range mon appareil dans sa housse, je me retourne Ă  nouveau vers le lac, et lĂ  je vois une onde d’eau approcher Ă  vive allure vers le bord du lac, en plein dans ma direction. Je me dis bordel c’est quoi cet animal qui arrive, ce ne peut-ĂȘtre un crocodile, le responsable de l’accueil m’a confirmĂ© qu’il n’y en avait pas. Soudain une tĂȘte suivie d’un long coup sort rapidement de l’eau, ça se passe Ă  6 mĂštres de moi, pendant une fraction de seconde je pense voir un serpent sortir de l’eau. D’un bon je suis hors de la tente; derriĂšre la tĂȘte et le long coup un corps sort de l’eau avec quatre pattes et une queue, une loutre. Vingt djieu Pffff qu’elle trouille elle m’a foutu celle-lĂ . Pour ceux qui ont dĂ©jĂ  vu Jurassik Park, la tĂȘte du gros Ă  lunette assis sur le WC au moment oĂč le dinosaure s’apprĂȘte Ă  le bouffer, et bien je devais avoir la mĂȘme. Petite prĂ©cision: j’ai la phobie des serpents. Qu’est-ce que je fous en Afrique alors ? Je me soigne, mais ce n’est pas trĂšs efficace. Revenons-en Ă  la loutre, en me voyant sortir de la tente tel le marsupilami elle a pris peur et elle est retournĂ©e Ă  l’eau. Bien sĂ»r je raconte cet Ă©pisode Ă  François qui Ă©tait Ă  ce moment Ă  la douche, enfin Ă  l’évier pas de douche dans ce camp, ça le fait bien marrer.

200 Km de route plus loin, aprÚs 35 km de piste sinueuse et de nombreux changements de rythmes nous arrivons au campside Hot Spring. Mark le patron nous accueille, la soixantaine il est de nationalité anglaise. Il est né au Kenya et a toujours vécu sur le continent Africain. Il est de petite taille, un peu austÚre. Il nous conseille de placer nos tentes sous un auvent car nous sommes en saison des pluies. Il aura été bien avisé, à peine installé nous subissons un nouvel orage avec des pluies diluviennes.

Le bar et le restaurant sont spacieux, dĂ©corĂ©s dans un style kitch surchargĂ©. Les murs sont remplis d’un peu toutes sortes, de la famille composĂ©e des photos de chaque chien, a des tableaux de la faune locale, en passant par des Ă©criteaux du type : « Les chiens sont les bienvenus les humains sont tolĂ©rĂ©s Â» ; « Si vous pouvez lire ce panneau, c’est que vous avez encore besoin d’une biĂšre Â» ; et de multiples objets issus de la culture Africaine : armes, outils, pirogues, etc. Vous ajoutez Ă  ce bric Ă  brac le patron qui traverse cette piĂšce avec son peignoir aux couleurs de superman, un savon dans une main, une radio dans l’autre, pour se rendre dans son bain quotidien Ă  la source chaude, et vous avez le tableau au complet.

Le camp est rempli de vĂ©gĂ©tation verdoyante, et comprend cette fameuse source d’eau chaude dans laquelle nous nous dĂ©lasserons. Fin de journĂ©e nous irons prendre l’apĂ©ro au bar et nous aurons l’occasion de faire connaissance avec la barmaid. Elle a beaucoup voyagĂ© en Europe et elle envisage d’y retourner. Nous Ă©changerons sur le voyage, les pays visitĂ©s, les prochains envisagĂ©s.

Jour suivant

Une trentaine de km de piste et nous retrouvons une route principale. Comme les jours prĂ©cĂ©dents, tout le long de la route, tantĂŽt cachĂ©es dans la vĂ©gĂ©tation, tantĂŽt sises sur un espace partiellement dĂ©boisĂ©, se trouvent des habitations. Certaines, plus rares, comportent des fenĂȘtres et des chĂąssis, la majoritĂ© ressemble plus Ă  des huttes dont on a remplacĂ© les parois vĂ©gĂ©tales par de la brique. Beaucoup de personnes se trouvent en bordure de route pour vendre quelques tomates, des mangues, des champignons, des sacs de charbon de bois rĂ©alisĂ©s en abattant les arbres aux alentours, des volailles vivantes, etc. A nouveau la pauvretĂ© est lĂ  sous nos yeux. Et pourtant de nombreux pouces levĂ©s et des sourires accompagnent notre passage.

Le charroi est essentiellement composĂ© de semi-remorques. La aussi appel de phare, petit coup de klaxon ou bras tendu et pouce levĂ© hors de la cabine sont frĂ©quents. A certains endroits, la route disparait complĂštement pour laisser la place Ă  un champ de trous de latĂ©rite plus grands les uns que les autres. Ajoutez Ă  cela les pluies rĂ©guliĂšres et vous avez un joyeux bourbier. Il est facile pour nous de trouver une trajectoire soft entre ces trous. En revanche, les camions sont obligĂ©s de passer dans certains de ceux-ci. On a l’impression que la cabine va se dĂ©tacher du camion. La torsion subie par les essieux est impressionnante.

Nous retrouvons une piste Ă©troite pour une trentaine de Km. Celle-ci est essentiellement composĂ©e de sable. François s’amuse Ă©normĂ©ment sur cette piste, quant Ă  moi c’est un peu l’enfer, Il faut garder de la vitesse pour que la moto conserve de la stabilitĂ©. Ce qui n’empĂȘche pas des dĂ©rives de la roue avant. Je sors deux fois de la piste sans consĂ©quence.

L’endroit est incroyable « Mutinondo Â» Nous sommes au milieu de la brousse dans un endroit amĂ©nagĂ© depuis 1995 par un couple de passionnĂ©s. Site privĂ© de 77 hectares si j’ai bonne mĂ©moire. Lodge et campsite, avec de multiples randonnĂ©es et points de vue. Le paysage est trĂšs vert avec des monts en granites aux formes rondes entourĂ©s de forĂȘts, et une cascade. Un espace restaurant ouvert vers la nature et un bar avec une vue surplombant la forĂȘt oĂč nous prendrons l’apĂ©ro en admiration devant la vue. Il rĂšgne un calme apaisant. Nous dĂ©cidons de rester deux jours tant nous sommes charmĂ©s par l’endroit.

Nous en profitons pour aller faire une randonnĂ©e sur le domaine. Nous gravissons un des monts depuis lequel nous avons une vue extraordinaire sur la forĂȘt. Pendant toute cette randonnĂ©e je ne peux m’empĂȘcher de penser aux serpents ; forcĂ©ment quand on voit dans chaque camp un numĂ©ro d’urgence pour les snake bite. Si bien qu’à chaque bruit suspect je sursaute. Incroyable dans quel Ă©tat de stress notre cerveau est capable de nous mettre alors qu’il n’y a pas l’ombre d’un serpent.

Nous aurons la chance de partager notre petit dĂ©jeuner avec les propriĂ©taires de ce domaine qui ont créés tout cet espace durant ces derniĂšre 25 annĂ©es.  Aujourd’hui, ils ont atteint un Ăąge respectable et ils souhaitent remettre leur domaine. Ils sont bien conscients que la belle Ă©poque est passĂ©e, que ce business Ă©tait meilleur il y a 5 ou 10 ans. Nous leurs souhaitons de trouver acquĂ©reur et de pouvoir prendre une retraite bien mĂ©ritĂ©e.

Le lendemain matin nous quittons ce paradis, aprĂšs notre sĂ©ance quotidienne de tĂ©tris, qui est maintenant bien rodĂ©e, nous nous rendons Ă  l’accueil pour rĂ©gler l’addition. Et lĂ  je me fais mordre par un des deux chiens. Heureusement mon pantalon de moto m’a bien protĂ©gĂ©, ca reste nĂ©anmoins bien dĂ©sagrĂ©able. Ce chien Ă  deux fils qui se touchent, il est agressif avec tout le monde sans raison, il m’avait dĂ©jĂ  attrapĂ© le pantalon la veille. Comme quoi le danger n’est pas forcĂ©ment oĂč on l’imagine.

Nous voici sur cette piste pleine de sable. A peine trois Ă  quatre kilomĂštres parcourus et je perds le contrĂŽle de la moto, l’avant glisse dans tous les sens, l’arriĂšre se met Ă©galement Ă  glisser et je ne parviens pas Ă  retenir la moto qui se couche dans le sable. Je peste de m’ĂȘtre encore laissĂ© piĂ©ger. François est parti devant je suis seul pour relever le bestiau. La moto est couchĂ©e sur son flanc gauche. Je lui tourne le dos, je prends le guidon dans ma main droite la poignĂ©e arriĂšre dans la main gauche, je plie les jambes en tirant la tĂȘte vers l’arriĂšre pour Ă©viter de forcer avec le dos et je pousse de toutes mes forces avec mes cuisses. Mes pieds s’enfoncent et glisse dans le sable, la moto ne bouge pas. Punaise ce n’est pas gagnĂ©. Je dĂ©cide de dĂ©gager du sable sous les roues de maniĂšre Ă  dĂ©jĂ  la redresser un peu. Ce sera plus dĂ©licat pour redĂ©marrer mais peu importe. Je fais deux tranchĂ©es dans le sable oĂč je poserai mes pieds et j’essaye de damer au max le sable. Je reprends la position et je pousse comme un bƓuf sur mes jambes. La moto commence Ă  se lever, bon sang que c’est lourd. J’arrive finalement Ă  la redresser. Je suis dos tournĂ© Ă  la moto surtout ne pas la laisser tomber en dĂ©plaçant mes mains pour finalement attraper le guidon. Ok c’est bon, je m’assieds dessus, je remets en marche et je redĂ©marre. 40 mĂštres plus loin rebelotte, je couche Ă  nouveau la moto. Cette fois elle est perpendiculaire Ă  la piste. Tout est Ă  recommencer. Je commence Ă  la relever avec la mĂȘme technique, j’y suis presque, mais je suis Ă  bout de souffle et de force, si je la lĂąche je ne pourrai plus la relever c’est certain. Je donne tout ce qu’il me reste et j’arrive Ă  la redresser. Je sors la bĂ©quille pensant pouvoir souffler un peu, comme la moto est en travers de la piste la bĂ©quille est Ă  plus de 10 centimĂštres du sol. Je vais devoir la dĂ©placer en restant Ă  cĂŽtĂ©. Je dĂ©marre le moteur et par des petits jeux de  » j’avance et je recule » en tournant le guidon je parviens Ă  la positionner dans le bon sens. Je remonte dessus. Il me reste environ 25 kilomĂštres de piste avec du sable et une confiance complĂštement anĂ©antie. Je n’ai d’autre choix que de continuer. Ca demande un effort mental consĂ©quent que de continuer dans ces conditions. Finalement je m’en sortirais avec trois sorties de piste complĂ©mentaires sans consĂ©quences.

Le soir une nouvelle piste avec des bancs de sable, au vu de mon expĂ©rience du matin, je me concentre au max pour ne pas me crisper sur le guidon et ĂȘtre rĂ©actif sur mes appuis. Ça se passe relativement mieux.

Nous arrivons au mĂ©morial David Livingstone. LĂ  oĂč il est dĂ©cĂ©dĂ© en 1873. Nous pensions rejoindre un endroit touristique. Cependant la piste est tellement impraticable pour les vĂ©hicules Ă  quatre roues qu’il n’y a personne. Nous serons seul Ă  planter nos tentes, Ă  part la prĂ©sence du gardien de nuit. Sans aucune source de pollution lumineuse, nous profiterons d’un ciel Ă©toilĂ© extraordinaire comme il n’est plus possible d’en observer en Belgique.

Le lendemain matin nous visitons le bĂątiment qui retrace la vie, les expĂ©ditions, et les dĂ©couvertes de David Livingstone. Nous sommes de bien pĂąles aventuriers des temps modernes en comparaison Ă  ce que cet homme extraordinaire Ă  accomplis, au dĂ©triment de sa santĂ© et de sa vie. David a Ă©tĂ© profondĂ©ment marquĂ© par l’esclavagisme rĂ©servĂ© aux peuples Africains. Il n’a eu de cesse de contribuer Ă  abolir la dĂ©portation d’esclaves. L’annĂ©e de sa mort, grĂące Ă  son engagement, la dĂ©portation d’esclaves des zones cĂŽtiĂšres de l’Afrique et Ă©galement de l’intĂ©rieur des terres Ă  Ă©tĂ© abolie. Je ne connaissais pas rĂ©ellement l’histoire de Livingstone, c’est une belle rencontre mĂȘme si celle-ci est post mortem. Je pense que la mĂ©moire de cet homme doit continuer Ă  ĂȘtre honorĂ©e et son histoire racontĂ©e au mĂȘme titre qu’un Nelson Mandela, plus proche de notre Ă©poque.

AprÚs-midi nous arrivons dans un campsite. Superbe endroit dans la nature avec cuisine extérieure, une salle de bain privative et une douche extérieure.

Le lendemain matin, en me regardant charger mes valises, François constate que mes bagages ont beaucoup de jeux, aprĂšs une rapide vĂ©rification deux boulons se sont fait la malle, et ce malgrĂ© qu’ils aient Ă©tĂ© montĂ© avec du frein filet. Heureusement cette fois ils se sont dĂ©vissĂ©s et n’ont pas Ă©tĂ© cisaillĂ©s, il suffira d’en placer des nouveaux. Pour l’instant quelques colliers colson maintiendront le tout en place. Ce sera suffisant pour la journĂ©e de route qui nous attend. 

320 km d’une route hallucinante. Cette route est un axe important oĂč circulent Ă©normĂ©ment de camions. Tous le long de la route nous verrons des camions accidentĂ©s, cabine complĂštement dĂ©truite, remorque couchĂ©e dans le fossĂ©, camion en panne. Camion presque Ă  l’arrĂȘt grimpant pĂ©niblement une cĂŽte en crachant toutes ses tripes dans un nuage noir et Ăącre.

Le charroi est tel que le bitume est marquĂ© par des orniĂšres parfois de 10 cm de profondeur. Le trafic Ă©tant intense nous sommes obligĂ©s d’envoyer toute la cavalerie pour dĂ©passer. Gaz ouverts en grand et passage de vitesse au shifter. Les dĂ©placements latĂ©raux avec les orniĂšres ne sont pas sans risques, si bien que parfois nous choisissons de dĂ©passer par la piste cyclable qui est certe Ă©troite mais bien plane.

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Comme nous l’avons dĂ©jĂ  constatĂ© dans d’autres pays, la chine investit abondamment en Afrique. Des usines flambantes neuves se trouvent le long de la route. Aux cotĂ©s desquelles sont bĂątis des clos avec des maisons tout confort. Nous apprendrons que la langue chinoise est enseignĂ©e dans les Ă©coles en Zambie. Il n’y a aucun doute, la chine fait le forcing pour gagner les marchĂ©s Africain.

A proximitĂ© de ces usines, se trouve un grand mall (centre commercial) avec cafĂ©s, restaurants, supermarchĂ©. En entrant dans le supermarchĂ© je suis frappĂ©, presque choquĂ©, par l’opulence qui y rĂšgne. Rien de plus que ce que nous trouvons en Europe, mais le contraste est encore une fois Ă©difiant. Nous venons de passer plusieurs jours durant lesquels nous avons rencontrĂ©s des difficultĂ©s pour trouver de la nourriture tant les mini Ă©piceries que nous avons visitĂ©es manque de tout.

Nous nous arrĂȘterons pour la nuit Ă  50 km de la capitale Lusaka, dans une ferme camping. Nous rencontrons Pieter qui est Sud-Africain. Pieter est en voyage avec sa femme. Ils rentrent de vacances, ils reviennent du Malawi. Pieter nous apprend que le cyclone Ana a touchĂ© le Malawi, il nous montre des images ou l’eau dĂ©vaste tout. Comme nous ne suivons pas l’actualitĂ©, nous n’avions pas connaissance de la prĂ©sence de ce cyclone. Le zimbabwĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© durement frappĂ©, 80% du pays est sous eau, 50% de la population n’a plus d’électricitĂ©. VoilĂ  qui me replonge dans les inondations que nous avons vĂ©cus en Belgique l’étĂ© dernier. DĂ©but de soirĂ©e la pluie se rappelle Ă  notre bon souvenir.

Lendemain matin, il a plu toute la nuit et ça continue. Depuis environ deux semaines maintenant, j’ai installĂ© une appli radar mĂ©tĂ©o pour suivre l’évolution des pluies. Les pluies devraient cesser vers 12h00. Comme nous avons prĂ©vu de nous arrĂȘter Ă  Lusaka qui est toute proche, nous ferons notre partie de tĂ©tris quand la pluie aura cessĂ©.

Vers 13h00 nous partons pour Lusaka, nous reprenons cette fameuse route T4 dans les mĂȘmes conditions que la veille, flux de camions incessant et orniĂšres casse-pipe dans le bitume. Nous atteignons Lusaka. Par rapport Ă  d’autres villes Africaines, la circulation y est relativement fluide, mais pas pour autant sans dangers. Nous nous installons dans un hĂŽtel pour backpacker, un endroit agrĂ©able et Ă©tonnamment calme en plein centre-ville.

Jour suivant

Nous profitons d’ĂȘtre dans une ville pour faire quelques courses : des vis pour ma bagagerie et pour refixer correctement un dĂ©flecteur sur la moto de François ; De la graisse pour les chaines des motos ; une banque pour changer de l’argent, et un matelas de camping pour François. Le sien a rendu l’ñme il y a une dizaine de jours et jusqu’à prĂ©sent nous n’avions trouvĂ© qu’un tapis de fitness pour le remplacer. Nous passons la matinĂ©e Ă  circuler dans Lusaka. Nous trouvons un matelas pour François assez encombrant mais qui sera probablement trĂšs confortable. J’espĂšre juste ne pas devoir le secouer comme un prunier tous les jours Ă  midi.  Nous nous dirigeons enfin vers le lac Kariba.

Nous arrivons au camping en bordure du lac, nous sommes accueillis par le propriĂ©taire qui nous explique longuement le fonctionnement du camp. Il nous salue et prend congĂ© de nous puis fait demi-tour et revient vers nous : Â« J’ai oubliĂ© de vous dire, n’allez pas vous baigner dans le lac il y a des crocodiles, et la nuit les hippo viennent manger l’herbe dans le camping. Si vous vous levez la nuit et qu’il y a des hippo sur votre chemin, il n’y a qu’une seule chose Ă  faire, vous faite demi-tour et vous allez dans la direction opposĂ©e, il n’y a pas besoin de crier, ou de les chasser, ou de leur lancer des objets et tout se passera bien Â».  Hum Hum, on ne demande qu’à le croire. Quelque chose me dit que je vais me passer d’aller pisser la nuit en regardant les Ă©toiles.

Vers Livingstone

Sur la route de Livingstone, nous ne trouvons pas de camping. Celui envisagĂ© est fermĂ©, car il a Ă©tĂ© inondĂ©. Le propriĂ©taire nous propose d’aller installer nos tentes chez son frĂšre dans une ferme Ă  quelques centaines de mĂštres. Nous serons reçu par d’Alex. Alex s’occupe avec deux de ses frĂšres d’un troupeaux d’environ 40 vaches laitiĂšres, d’un troupeau d’une quarantaine de chĂšvres et de la culture de tabac. Alex est un trĂšs chouette garçon de 19 ans qui a la tĂȘte sur les Ă©paules et qui sait ce qu’il veut. Il attend ses rĂ©sultats pour intĂ©grer le service zambien d’aide Ă  la population. Ce qui l’intĂ©resse, c’est de dĂ©velopper l’agriculture. lIl est Ă  la fois curieux et trĂšs attentionnĂ© Ă  notre Ă©gard.

La encore nous essuyons un orage diluvien au soir. Il continuera de pleuvoir sans discontinuer toute la nuit.

Alex venu nous rejoindre pour passer la soirée

Le lendemain matin il, ne cesse de pleuvoir. Je consulte l’appli radar mĂ©tĂ©o, il n’y aura pas d’accalmie avant le lendemain vers 18h00. Nous sommes cloitrĂ©s dans nos tentes. Nous dĂ©cidons de lever le camp pour rejoindre un hĂŽtel Ă  Livingstone. DĂ©camper sous la pluie c’est un bel exercice d’organisation. Ill faut commencer par tout prĂ©parer dans la tente, ensuite s’Ă©quiper des vĂȘtements de moto et vĂȘtements de pluie, enfiler les bottes de moto et le casque., Sortir de la tente Ă©quipĂ© comme un cosmonaute. Ranger tout dans les boxes en essayant de les laisser ouvert le moins longtemps possible. Terminer par le dĂ©montage de la tente. AprĂšs 160 Km sous la drache nous sommes rincĂ©s. Et mĂȘme si nous avons fait au mieux; il y a de l’humiditĂ© plein les boxes. L’hĂŽtel est le bienvenu pour mettre sĂ©cher nos vĂȘtements.

Le lendemain matin direction les chutes victorias situées à 10 minutes de route. Le spectacle est à la hauteur de nos attentes

En route pour le Botswana

10 thoughts on “A travers la Zambie”

  1. Eh bien les amis votre aventure n’est pas de tout repos ! Surtout sur le plan mĂ©tĂ©o, mais c’Ă©tait Ă  prĂ©voir puisque c’est la saison des pluies… Du coup les chutes Victoria devaient ĂȘtre magnifiques ! Sommes aux pieds du mont Elgon Ă  l’Est de l’Ouganda et devons repasser au Kenya ds les prochains jours et ns reverrons Chris… Bonne continuation… Marc et Murielle

  2. Que d’aventures , c’est sympa de partager un peu de votre quotidien et de ce pĂ©riple
 plein de belles rencontres encore, 
 votre fabrique de souvenirs n’est pas prĂȘte de s’arrĂȘter de fonctionner, tant mieux. Bizzzzz

  3. J’adore vous lire ! Cette aventure semble Ă  la hauteur de vos espĂ©rances, tant mieux ! Vous ĂȘtes de vrais warriors, les gars. On attend la suite … Bisous d’ici !

  4. Un long rĂ©sumĂ© ( contradiction dans les termes ) mais qui vaut la peine d’ĂȘtre lu. On y trouve de tout. De l’insolite, des galĂšres en tous genres mais aussi de bons moments de dĂ©tente agrĂ©mentĂ©s de beaux spectacles visuels. TUKUTUKU Motorbikes, Ă  recommander 😊
    Dommage cette saison des pluies, le genre de « truc » qu’un vrai belge se passerait bien. Allez, l’aventure continue !! Gaffe aux serpents mĂȘme s’ils ne sont pas lĂ  et aux vilains chiens qui mordent. Si vous parvenez Ă  me lire, c’est que vous avez encore besoin d’une biĂšre 
LOL !!

  5. DĂ©cidĂ©ment, ca n’est pas une balade tranquille !

    Récit passionnant, merci !

    C’est dommage d’ĂȘtre partis chercher la pluie en Afrique, ici, la mĂ©tĂ©o est magnifique, c’est soleil et canicule….
    Ch’plaisante, ca se saurait 😉

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