Epoustouflante Namibie

Test PCR négatif en poche, nous nous dirigeons vers la frontière Namibienne toute proche, rien de particulier cette fois-ci. Nous sommes en Namibie partis pour arpenter une ligne droite de plus de 500 Km. De part et d’autre de la route, de petits villages sont installés sur un sable blanc. Les habitations sont des huttes réalisées entièrement avec des matériaux végétaux. Généralement le terrain autour est garni de plantations d’arbres et de fleurs. Il se dégage une grande harmonie de ces villages.

Nous profitons de la première ville où nous passons pour changer de l’argent. Le mercure passe la barre des 30°c, dès que nous nous arrêtons, nous dégoulinons dans nos vêtements de moto.

Nous devons également faire quelques courses alimentaires. Nous nous garons devant le magasin où beaucoup de mendiants sont présents. Parmi eux, un jeune garçon d’environ 10 ans, pieds nus, habillé de guenilles, le regard sans espoir. Il nous reste deux bananes que j’ai hésité à jeter ce matin, je les lui donne et il les mange aussitôt. Je suis transpercé par cette détresse. Pendant tout le temps où je fais les courses, j’ai l’image de ce gamin en tête. 

Je déambule dans les rayons sans même prêter attention à ce que je dois acheter. J’ai l’esprit tourmenté. Finalement je décide d’acheter quelque chose pour lui. Après moultes tergiversations je lui prends un donut, puis je me reconcentre sur ce dont nous avons besoin. En sortant du magasin j’espère pouvoir lui faire plaisir, mais il n’y a plus un gamin, ils sont sept ou huit. Je suis obligé de mettre ce foutu donuts dans mes valises sans pouvoir en faire profiter qui que ce soit. Pour moi, c’est toujours difficile d’encaisser cette détresse.

Nous faisons également le plein d’essence. Partout en Afrique, nous sommes reçus par des pompistes, métier qui a complètement disparu chez nous depuis environ 40 ans. C’est souvent l’occasion de discuter quelques minutes, c’est un moment de détente et d’échange. Diamétralement opposé à un plein réalisé chez nous, où après s’être stationné, nous recherchons frénétiquement l’automate pour aller y glisser notre carte tout en accélérant le pas car d’autres voitures viennent de se garer, et il n’est pas question de se faire prendre de vitesse. Quand on échange un bonjour sans aucun regard d’intérêt, c’est déjà un miracle.

Nous roulons maintenant sur cette ligne droite infinie au profil complètement plat. Le paysage défile sous nos yeux. La brousse se présente sur une plaine à perte de vue de part et d’autre de la route. Nous avons l’occasion d’observer d’énormes nuages orageux transpercés par des éclairs, sous lesquels déferlent des trombes d’eau. Même si nous essuyons quelques gouttes de temps à autres, nous avons la chance qu’aucun de ces orages ne traverse la route lors de notre passage. C’est très particulier de pouvoir observer ces phénomènes météorologiques dans leur entièreté. Chaque fois que nous nous rapprochons de l’un d’eux, la température chute rapidement, passant de plus de 30° à environ 22°. Cette chute de température s’accompagne de vents parfois violents.  Ensuite, sur quelques centaines de mètres, le vent s’estompe et la température remonte en flèche.

Orage

Les animaux sauvages semblent avoir complètement disparus.

Nous passons notre première nuit en Namibie dans un superbe campsite le long de la rivière Okavango bordée d’une plage de sable blanc. Okavango ! Ce nom m’évoque immédiatement les émissions de Nicolas Hulot. A l’époque, j’ai dévoré ses émissions, probablement ont-elles participé à m’inoculer le désir de voyager et de découvrir. Mais il aura fallu un long temps d’incubation pour que la maladie se déclare.

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Nous terminons par une piste de 90 Km en sable, détrempée par les pluies de la veille. La piste est large et toute droite. Par temps sec, nul doute qu’elle doit être facile, nous pourrions la négocier à plus de 100 km/h, mais là c’est une autre affaire. Ce sera un jeu d’équilibriste sur toute la distance. Pour corser le tout nous rencontrerons un gars complètement bourré dans une Golf I blanche qui n’aura de cesse de nous dépasser comme un dingue à quelques dizaines de centimètres en glissage pour enfin revenir à contre sens. Nous finissons par arriver au bout de celle-ci, les motos couvertes de boue, surtout la mienne qui ne peut s’empêcher de se jeter à terre. Nous poursuivons notre ligne droite, pour nous arrêter dans le campsite de Roy. Roy n’est plus parmi nous, mais son esprit imprègne le site qui est décoré d’objets insolites.

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Nous arrivons à la fin de notre ligne droite. En fin de journée, nous voulons nous rendre dans un campsite, mais il s’avère que la piste pour y accéder est ensablée et boueuse. Nous décidons d’aller voir au campsite suivant. Celui-ci affiche « full booking », qu’à cela ne tienne nous pensons qu’il y aura bien une place pour installer nos trois petites tentes. Nous sommes accueillis par Christie, une jolie femme d’une cinquantaine d’année qui affiche un sourire radieux. En fait, il y a une soirée d’anniversaire et le site qui vient d’être repris et rénové par Christie et son mari ne sera officiellement ouvert qu’en mars. Cependant nous sommes les bienvenus en tant que premiers campeurs. Christie et son mari sont de nationalité allemande mais ils sont nés en Namibie et ils forment la troisième génération d’expatriés de leur famille.

Jour suivant

Début d’après-midi, nous atteignons le désert, la végétation devient très clairsemée. Au terme d’une piste de 30 km nous arrivons sur l’exceptionnel site Spitzkoppe. Des montagnes de marbres se dressent dans le désert. Les emplacements de camping sont espacés de plusieurs kilomètres. Nous installons finalement nos tentes sur l’espace dit de pic-nic, car c’est le seul à avoir de l’ombre: quand il fait plus de 30°c à l’ombre, il n’est pas possible de rester en plein soleil. Fin d’après-midi, nous partons faire le tour du site à moto. Comme il fait beau et que nous restons sur le site, nous remplaçons le casque par une casquette, la veste de moto par un t-shirt. François et Victor poussent même le vice de rouler en short et en tongs. Quant à moi je préfère quand même chausser mes chaussures de marche,

Nous voici en visite prenant des photos çà et là, faisant le mariol sur les rochers. Pendant ce temps le ciel s’assombrit pour finalement devenir carrément noir. Bah, comme le dit souvent Victor, « ça va passer à côté », cela fait deux jours que c’est comme cela. Nous poursuivons donc notre visite. Soudainement quelques grosses gouttes se mettent à tomber. A peine avons-nous le temps d’enfourcher nos motos, que des trombes d’eau s’abattent sur nous. En un instant nous sommes plongés dans un orage apocalyptique. On roule pour retourner vers nos tentes, l’averse est si violente que sans casque nous avons de la peine à garder les yeux ouverts. En l’espace de 3 minutes, la piste se transforme en torrent d’eau et de sable. Des ruisseaux se sont formés à divers endroit. Nous devons traverser maintenant plusieurs gués, qui étaient complètement sec il y a encore 10 minutes. Nous finissons par rejoindre notre campement, nous sommes trempés jusqu’aux os. Nous apprendrons le lendemain qu’il est tombé 45 mm d’eau, c’est plus que ce qu’il est tombé les six dernières années.

Evidemment les habitants de la région sont enchantés de cette pluie qui va enfin remplir les nappes et le cours d’eau qui est asséché depuis 7 ans. N’ayant pu visiter ce somptueux site entièrement, nous décidons de rester un jour de plus. Le lendemain soir un nouvel orage inondera à nouveau la région. Cette fois nous nous serons mis à l’abri à temps.

Le lendemain matin, il fait beau quand nous quittons le site. A la sortie de celui-ci nous rencontrons André le manager, nous le questionnons sur l’état de la piste suite aux orages. Pas de problème pour passer à moto nous rétorque-t-il. Nous partons confiants. Après 1 km nous nous trouvons face à une rivière qui n’existait pas il y deux jours. Le lit de la rivière fait entre trente et quarante mètres, de l’eau s’écoule sur les dix derniers mètres. Une voiture est ensablée dans la partie où l’eau coule. Je me lance le premier. La première partie en sable mouillé a une bonne portance, elle se négocie facilement. Arrivé à la dernière partie, je m’engage dans l’eau, le fond est rempli de sable, n’ayant pas pris assez de vitesse je me retrouve rapidement ensablé en plein milieu de l’eau. Deux personnes viennent m’aider en criant : « let’s go let’s go don’t stop », cette fois j’envoie toute la sauce, la moto avance péniblement pour finalement s’extirper de l’eau et atteindre la berge. Au tour de Victor et François qui ont bien compris qu’il fallait mettre les gaz en grand. Ils atteignent la berge également. C’est alors que nous nous intéressons au sort de la voiture. Je m’aperçois qu’il s’agit d’une Audi A6. Comment peut-on tenter de traverser ce truc avec une telle voiture ? Seul un 4×4 peut traverser. Dans la voiture deux chinois. Nous décidons de donner un coup de main pour pousser la voiture. Nous ne réussirons qu’à la faire reculer de 2 mètres. C’est finalement André avec son 4X4 qui la tractera hors de l’eau. Nous poursuivons sur la piste jusqu’à la route, sans encombre.

Nous voici en route vers la côte Atlantique. Le désert est de plus en plus présent. Nous arrivons à la ville de Schwartkopmunt. Nous installons nos tentes dans un campsite situé à 50 mètres de l’océan. Fin d’après-midi nous sommes sur le bord de l’atlantique dans un café restaurant avec une magnifique vue à 270° sur l’océan. Il y a un monde de fou sur la plage et dans le café. Nous apprendrons plus tard que la rivière qui était sèche depuis 11 ans coule à nouveau depuis les dernières pluies d’hier. Les gens sont venus voir l’embouchure où se rencontre la rivière et l’océan.

En résumé : 6 ans sans pluie au Spitzkoppe, 11 ans sans pluie à Schwarktopmunt, nous arrivons et l’eau coule à flots. Quand on vous dit qu’on roule pour « Water for All », ce ne sont pas des blagues hein 😉. Ces épisodes pluvieux, nous nous en passerions bien, cependant les gens sont tellement heureux d’avoir à nouveau de l’eau qu’on ne peut que se réjouir pour eux.

Nous faisons la connaissance d’un couple de suisses de la région du Tessin. Ils viennent régulièrement en Afrique depuis des années et ils connaissent bien la Namibie. Ils nous conseillent sur certains endroits qu’il ne faut pas rater en Namibie comme le campsite « Solitaire ». Nous décidons de rester deux jours sur place.

Le lendemain, je saute hors de ma tente au lever du jour pour aller sur la plage: je ne serai pas déçu du lever de soleil derrière le pont. Nous allons visiter la « Dune 7 ». La route longe le bord de l’océan ce qui nous permet de bénéficier d’un air frais. Nous apercevons un avion Cessna sur le bord de plage. Nous faisons un crochet pour aller discuter avec le pilote et les passagers. On se dit « whaouh, génial, ici on peut venir à la plage en avion. Les passagers nous apprennent qu’en fait le Cessna a eu une panne moteur et le pilote a dû faire un atterrissage d’urgence; oups ils s’en sortent bien !

Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivons sur le site de la Dune 7. Nous sommes désagréablement surpris, rien n’est entretenu et il y a pas mal de déchets qui trainent. La dune, elle, est bien là. J’ai bien envie d’aller jusqu’au sommet. Je commence à la gravir pendant que François et Victor préparent leur drone. Il me faut des plombes pour faire les 30 premiers mètres. La pente est très raide, à chaque pas, le sable se dérobe sous mes pieds. Bien que je fasse de grandes enjambées, avec le glissement du sable, j’avance d’environ 10 cm à chaque pas. Il fait 34°c, mes chaussures s’enfoncent dans le sable très chaud, j’ai l’impression d’avoir les pieds dans un four. Je fais une première pause le temps de reprendre mon souffle. Je change de technique, je monte en diagonale en faisant les plus grandes enjambées possibles. Là, j’avance beaucoup plus vite. Punaise, les cuisses commencent à bien chauffer ! Je ferai encore deux pauses avant d’atteindre le sommet. Il y a du vent au sommet, c’est très agréable et la vue vaut le détour. Je m’aperçois que la pente sur l’autre versant est bien plus douce, l’accès par ce côté aurait été plus facile. Je prends quelques photos pour ensuite redescendre en moins d’une minute en faisant des sauts de Gazelle dans le sable qui me donnent l’impression de voler.

Le lendemain nous quittons la côte pour nous rendre au campsite «Solitaire ». Nous traversons le désert du Namibe. Rapidement nous nous retrouvons sur une piste. L’ambiance est particulière, partout autour de nous le désert à perte de vue, la température affichée au tableau de bord : 34 ° et pas un cm² d’ombre. De temps à autre nous nous faisons dépasser par un 4X4 ou nous en croisons un. Nous roulons plusieures heures avant de trouver quelques arbres à moitié vivants sur le bord de la piste. Nous en profitons pour faire une pause et manger un morceau à l’ombre. Nous poursuivons, le paysage change, il devient plus rocheux et vallonné. Nous apercevons au loin une autruche qui court à vive allure. La piste devient plus sablonneuse et bosselée, il faut essayer de rester dans une trace créée par un 4X4 où les graviers et le sable ont été balayés. Par moment il n’est pas possible d’éviter les zones plus sablonneuses, dès lors la roue avant glisse, on a l’impression de rouler avec le pneu avant crevé. Parfois la moto se met à louvoyer assez fortement. Dans ces moments-là on serre les fesses en espérant que ça passe et il faut impérativement garder les gaz, idéalement il faudrait accélérer fortement. Accélérer alors qu’on perd le contrôle est un peu contre nature et ce n’est pas évident de débloquer le cerveau.

Le paysage devient montagneux et la piste sinueuse, c’est un régal pour les yeux. Comme nous sommes en saison des pluies, le désert se couvre progressivement de végétation, c’est extraordinaire. Nous arrivons au tropique du Capricorne. Bien sûr nous immortalisons l’instant. Nous repartons toutefois en trombe car l’orage nous menace et de grosses gouttes commence à tomber. Nous avons l’impression de jouer au chat et à la souris avec les orages. Par moment nous nous en rapprochons, la température chute et le vent se lève, puis à nouveau nous nous en éloignons, le vent disparaît et la température remonte rapidement.

Après 180 Km de piste, nous atteignons « Solitaire ». Le campsite est situé sur un immense plateau de sable où poussent de frêles et jolies petites fleurs blanches et bleues. Le plateau est encerclé à l’horizon par des montages aux reflets ocres. L’endroit est exceptionnel. Après cette journée dans le désert, nous commençons par une bière pression bien fraîche. Puis nous installons rapidement notre campement car l’orage nous menace à nouveau. Nous n’aurons finalement que quelques gouttes cette fois. Le soleil se couche dans des nuances d’orange feux magnifiques. Il nous gratifie encore une fois d’un fabuleux spectacle.

Le lendemain matin, bien que je me sois épongé dans la vinasse la veille, je me réveille aux aurores, juste à temps pour le lever du soleil qui m’offre une nouvelle fois son spectacle grandiose. Nous avons bien fait de suivre les conseils avisés du couple de Suisses rencontrés deux jours plutôt.

Aujourd’hui nous nous contentons d’une escapade de 40 kilomètres. Le paysage est à nouveau extraordinaire. La piste serpente entre les montagnes et les gués qui sont secs. Nous nous arrêtons chez khhuhuhu où nous buvons de rafraichissants sodas home made. Nous échangeons sur la vie dans le désert avec notre hôte. Rien à voir avec nos habitudes, par exemple : pour aller faire les courses alimentaires, elle se rend dans la ville la plus proche à plus de 200 km de piste, ça lui prend deux journées entières et elle passe une nuit à l’hôtel. Nous sommes dans une autre dimension.

Le lendemain matin, après un « english breakfast » et quelques courses alimentaires, nous quittons ce paradis pour nous enfoncer un peu plus dans le désert du Namib. 140 kilomètres de piste nous attendent. Toujours des paysages plus époustouflants les uns que les autres. Nous arrivons à destination, juste à l’entrée du parc. Nous prenons une boisson fraîche à la pompe à essence qui jouxte le campsite. Quand nous réenfourchons nos motos pour aller installer notre campement, la température affichée au tableau de bord est de 44°c.

L’installation et la sieste terminée, Victor et François se rendent jusqu’à la porte d’entrée du parc pour connaître les tarifs. Nous souhaitons aller voir les dunes, spécialement la dune 45 et la dune Big Daddy. Le couperai tombe, les motos ne sont pas autorisées à entrer dans le parc et cette fois pas de plan B pour les motos. Nous en discutons avec Max, le manager de la pompe à essence et du campsite. Il trouve une solution pour nous conduire jusque-là en voiture, il reste à négocier le prix. Nous savons que les 5 derniers kilomètres pour arriver à la dune Big Daddy sont payants : 180 $ Namibien, ce qui fait pour nous trois 540 $ Namibien. Nous lui proposons 540 $Nam pour les 120 Km aller-retour, il nous répond sur un air de pince sans rire « Ha vous souhaitez seulement que je vous dépose ? Ok pour 540 je vous dépose et je reviens. Nous éclatons de rire à ses propos. Nous nous mettons finalement d’accord sur 1000 $Nam. Marché conclu rendez-vous demain matin à 6h00. Nous allons nous coucher vers 21h30, il fait encore 34°c, je dégouline sans bouger sur mon matelas.

5h00 du mat le réveil du GSM se met en marche. Le soleil n’est pas encore levé et il fait déjà 24°c. Une douche suivie de deux cafés et quelques biscuits en guise de déjeuner. Nous partons rejoindre notre chauffeur qui nous attend. Après de brèves présentations, nous montons à bord de la Polo. La voiture entre dans le parc alors que le jour termine de se lever. Nous traversons le désert, de part et d’autre de la route des dunes rougeoyantes, des bandes de verdures, et un ciel d’un bleu azur. Le contraste de ces trois couleurs avec la lumière particulière du lever du jour est extraordinaire. Notre chauffeur nous apprend que c’est exceptionnel d’avoir de la verdure. Normalement il n’y a que du sable, les pluies abondantes de ces derniers jours ont changé la donne. Les dernières pluies enregistrées remontent à l’année 2011.

Avec l’herbe bien grasse, les animaux viennent se nourrir, nous en immortalisons quelques un. Nous faisons une halte à la dune 45 pour faire quelques photos. Nous poursuivons jusqu’à la fin de la route, où nous prenons la navette vers la dune Big Daddy.

Dune 45

Effectivement elle est fameuse, rien avoir avec la dune 7 escaladée il y a 5 jours. 20 minutes de marche pour arriver au pieds. Je décide de tenter l’escalade, notre chauffeur nous montre le chemin à emprunter. Il faut commencer par une dune perpendiculaire pour ensuite accéder à la plus grande située derrière en restant en permanence sur la crête. A vue de nez il y a environ 1 km à gravir sur la crète avant d’accéder au sommet.

Dune Big Daddy

Après environ 45 minutes de marche, je fais une première pause. Le soleil me chauffe le visage. Je décide de suivre des traces de pas qui redescendent pour ensuite remonter directement par la face de la dune plus tôt que de poursuivre sur la crête. De cette manière ça me permet de marcher à l’ombre. Je pense que ce sera mieux. Je joins la face de la grande dune, je parcoure une trentaine de mètres et je suis déjà à bout de souffle. Je ne me suis pas rendu compte que la pente était si abrupte. Je reprends mon souffle et je repars. Après dix mètres, je suis de nouveau à bout de souffle. Bordel je pense que les traces que je suis sont celles de quelqu’un qui est descendu de la dune. Maintenant je suis flanqué au milieu de la pente. Opérer un demi-tour et reprendre par la crète c’est devenu trop long. Je lève la tête, il me reste beaucoup à gravir et la pente est vertigineuse. Renoncer ce n’est pas trop dans mon caractère, même si c’est dans la souffrance. Je décide de poursuivre je réalise encore 8 ou 10 avancées de 25 pas entrecoupées de 3 à 4 minutes de repos. A chaque fois je suis à bout de souffle et j’ai la pompe qui tourne dans les 180 battements minutes. Heureusement je suis équipé de mon camel bag, j’ai fait le plein ce matin. J’ai donc démarré l’ascension avec trois litres d’eau. A ce stade je sens qu’il n’est déjà plus qu’à moitié rempli. Les jambes commencent à me lâcher ça se complique, de plus la pente se raidi encore. Je décide d’augmenter la durée de mon temps de repos entre chaque effort pour que les battements du cœur avoisinent les 100 pulsations avant de poursuivre. Je suis maintenant obligé d’évoluer à quatre pattes, en revanche dans cette position je parviens à faire 50 pas avant de devoir récupérer, ce qui me redonne de l’espoir de bientôt accéder à la crête. Encore 5 avancées à quatre pattes et j’y suis presque. Il me reste 3 mètres à gravir mais je suis encore contraint de m’arrêter pour récupérer.

Ca y est me voilà sur la crête, je peux à nouveau me dresser sur mes jambes. Plus que 80 mètres à parcourir et le sommet sera atteint. J’ai laissé un paquet d’énergie dans cette pente abrupte et mes jambes chancellent.  Deux arrêts seront encore nécessaires pour rejoindre le sommet. Je me délecte de la vue incroyable sur le désert. Evidemment photos et selfies sont de la partie. J’ai le temps de récupérer suffisamment avant de penser à redescendre. Juste un détail, je ne sais pas par quel côté il est préférable de s’y employer. Deux personnes approchent également du sommet, par chance l’une d’elle est un guide qui a déjà réalisé plusieurs fois l’ascension. Il commence par me saluer et enchaine « vous êtes monté par la face la plus dure, franchement respect ». Si je l’avais su avant, jamais je n’y aurais pausé les pieds. Je lui réponds « oui, mais ce n’était pas une bonne idée, c’était vraiment difficile, mais bon je suis arrivé au sommet c’est le principal ». J’en profite pour lui demander où se fait la descente. « Tout droit dans la pente abrupte ensuite il faut traverser le lac asséché et rejoindre le chemin vers le parking ». Je les salue et j’entame la descente. C’est la partie la plus amusante, dans cette pente abrupte et amorti pas le sable, je peux facilement faire des sauts de 3 mètres de long. En moins de 5 minutes je suis au pieds de la dune, 325 mètres de dénivelé.

Il me restera à fournir un dernier effort d’une demi-heure, sous une chaleur devenue accablante, pour traverser le lac séché et rejoindre le parking.

Le lendemain nous partons pour rejoindre le campsite « Betta » 160 km de piste. Nous roulons toujours sur le même type de piste. Et nous continuons à en prendre plein les yeux, enfin quand nous arrivons à quitter la piste des yeux. A notre arrivée, il y a quelques Africans (blancs nés en Afrique) installés sur la terrasse. La responsable est une Namibienne de petite taille, d’une soixantaine d’années, son accueil est plutôt glacial, ben ma foi, ça nous rafraichit, on meurt de chaud 😉. Il y a un petit magasin qui nous permet de faire les courses alimentaires dont nous avons besoin. Comme tous les jours, lever et coucher de soleil sont grandioses.

Jour suivant

Nous allons vers la Ville de Betanie. Après avoir avalé 180 Km de piste, nous nous arrêtons à la porte de la ville pour nous regrouper avant d’entrer en ville. Les pistes étant très poussiéreuses, nous laissons une distance importante entre nous. François me rejoint, en attendant l’arrivée de Victor, j’en profite pour me satisfaire d’un petit besoin naturel. J’ai à peine le temps de terminer que deux véhicules de police arrivent à vive allure tout feux à éclats allumés. Je me dis : « Punaise je ne vais quand même pas me prendre une prune pour avoir pissé au milieu du désert ». Un policier sort d’un des deux véhicules, il se dirige vers nous. Il sort son téléphone portable et nous demande de bien vouloir le prendre en photo. Il prend la pose style Rambo devant le panneau de la ville. Ensuite il fait une photo des motos, il nous salue et remonte dans le véhicule qui repart en trombe. Nous nous regardons avec François en se disant qu’on ne va jamais nous croire.

Nous nous arrêtons dans un des plus vieux hôtels de Namibie, ouvert en 1880. Nous nous installons dans la partie campsite. A la tombée de la nuit, quand nous rejoignons nos tentes, nous sommes envahis par des centaines de criquets. Ces insectes sont de couleur jaune désert. Ils font en moyenne 7 à 8 centimètres de long, un vrai plaisir. Nous nous battons avec ceux accrochés sur la porte de la tente pour y accéder sans qu’ils puissent entrer. Comme il fait bon et qu’il ne devrait pas pleuvoir nous avons seulement installé la partie intérieure de nos tentes et pas la bâche extérieure. Nous sommes donc dans une sorte de moustiquaire sur laquelle sont installés ces foutus criquets. Le spectacle n’est pas très ragoutant.

Jour suivant

Nous reprenons la piste, elle se fait plus rapide. Il y a des criquets tout le long de la piste. Nos vêtements et nos motos sont rapidement maculés de jus de criquets. Nous essayons tant bien que mal de les éviter, des bestioles de cette taille nous les voyons arriver. Cependant, au mieux nous pouvons incliner ou baisser la tête car il n’est pas question de modifier la trajectoire de la moto et de passer dans les bandes sablonneuses, sinon c’est parti pour la lambada. Quand un criquet s’écrase sur notre casque alors que nous roulons à 90 km/h, ça claque bien.

Nous nous dirigeons vers le campsite « Roadhouse » encore un tuyau de Paul, l’ami de François. Ce Campsite est particulier, il est aménagé avec beaucoup d’anciens véhicules et nous y mangeons très bien. Le seul bémol: trois nids de guêpes dans l’arbre censé nous procurer de l’ombre. Je me suis fait attaquer par une guêpe à un centimètre de l’œil. Résultat une douleur intense dans l’œil, le front et la mâchoire, suivit de 4 jours avec pratiquement la moitié du visage gonflé. Victor se fera aussi attaquer, trois piqûres, poignet, crâne et cou. Je n’ai pas souvenir d’avoir jamais vu des insectes aussi agressifs. Après coup, nous nous sommes tenus à bonne distance de l’arbre. Nous resterons quand même deux jours pour aller visité le Fish River Canyon.

Le lendemain matin direction la frontière avec le dernier pays de ce voyage : l’Afrique du sud.

10 thoughts on “Epoustouflante Namibie”

  1. Magnifique récit ! Je rêve de ces pays à travers vous. Sans la pandémie nous serions allés en Namibie !
    Mille mercis et bon courage pour le reste du voyage, à travers mon pays de coeur où habite une partie sudaf de la famille (à Warden, in the middle of nowhere, entre Pretoria et Durban). Good luck !

  2. vous ne resteriez pas encore quelques mois, parce que vos textes vont nous manquer 🙂 Profitez encore et encore de ce magnifique voyage et merci pour le partage.

  3. waouw vraiment magnifique, ce périple dur dur par moment, mais que de belles expériences (bon hormis criquets et piqûre guêpes!) Les photos sont époustouflantes. Vivement prochain récit.

  4. Bonjour les aventuriers,
    je suis Patrick Boisvert, rédacteur en chef des magazines Trail Adventure et Voyages à Moto, en France. Je vous avais contacté avant votre départ. Depuis plus de deux mois, je suis avec intérêt votre aventure (et celle de Marcel !) via le blog. Que de belles histoires ! Si l’opportunité d’une publication dans un magazine français vous séduit, sachez que pour ma part je suis partant. Vu la durée de votre voyage, je pense qu’on pourrait traiter ce reportage sur deux numéros à la suite, avec à chaque fois 8 à 10 pages. Dites-moi si cela vous intéresse. D’avance merci et encore bravo !
    patrick@cppresse.fr

  5. Génial!! Merci pour ce partage d’aventures terriblement humaine, solidaire, motarde 😉 à travers vos photos et récits fabuleux…

  6. Et bien que d’aventures…
    Continuez à bien profiter de votre dernière étape tout en restant prudents.
    A bientôt
    Sylviane et Oli

  7. EXCEPTIONNELLE AVENTURE DE VOTRE VIE !!!!
    je vous ai lus et je me réjouis de voir votre film !
    En route pour le dernier épisode …
    Je me réjouis tellement de vous revoir.

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