A travers la Tanzanie

Réveillon

Ce matin nous passons la frontière entre le Kenya et la Tanzanie. Nouvelle expérience pour nous. Ca commence en force, il faut un test PCR de moins de 72 heures. Bon OK, où peut-on en faire un ? A Nairobi ou Mombassa. Grosso modo à 200 bornes quoi. Les personnes qui sont chargées de ce contrôle sanitaire, nous confirment que nous devons nous présenter à eux avec un résultat de test PCR négatif. On leur rétorque que ce ne sera pas possible, les labos se trouvent trop loin. Nous avons une solution nous disent-ils. Au vu de nos précédentes expériences nous restons méfiants. Vous devez vous inscrire sur le site internet dont l’adresse est affichée au mur, et nous pourrons réaliser un test rapide sur place. Comme à l’aéroport à Nairobi, nous sortons nos GSM et pas moyen de se connecter sur le site. Gentiment les deux personnes vont réaliser l’encodage avec nous depuis leur GSM ce qui nous coûtera 2000 shillings Kenyans soit environ 16,00 € pour les deux tests. On monte dans une pièce pour faire les prélèvements, une demi-heure plus tard nous avons les résultats c’est OK. Etape suivante l’émigration Kényane, toute une série d’infos à donner dont le e-visa réalisé avant notre départ, une bonne demi-heure s’écoule. Etape suivante immigration Tanzanienne plus ou moins la même chose une bonne demi-heure. Ensuite la douane pour déclarer nos motos: là ça prend environ trois quarts d’heure, tout cela habillé en cosmonautes, on dégouline dans nos vêtements de moto. Il nous reste deux étapes, changer de l’argent et prendre une assurance pour chaque moto. Encore un bon 40 minutes pour changer de l’argent et un bon 40 minutes pour l’assurance. Finalement nous passons sans problème particulier en une demi-journée. Nous nous rendons compte de la chance que nous avons de pouvoir circuler librement en Europe sans toutes ces formalités, excepté pour le COVID actuellement.

La frontière passée, nous nous rendons dans une ville avec l’espoir d’y trouver un peu d’ambiance à l’occasion du réveillon. Ce sera un coup d’épée dans l’eau, l’endroit où nous camperons est tout sauf accueillant et il fait une chaleur écrasante. En garant les motos, François s’aperçoit que mon porte bagages n’est plus fixé correctement. En y regardant de plus près, 4 écrous sont cisaillés à ras. Impossible de poursuivre sans faire réparer. Je me prends un coup de bambou, nous sommes vendredi 31 décembre, la veille d’un week-end, ça va être compliqué de trouver quelqu’un pour réparer. Avant de nous établir dans ce camp nous étions passé dans un premier camp qui n’existe plus, mais où il y avait une multitude de 4X4 toyota en réparation. On tente notre chance à cet endroit. Le mécanicien n’est plus là, nous pouvons revenir demain à 10h00. Ha bon mais c’est un jour férié ! Pas de problème venez demain pour 10H00.

Le lendemain à 10h00 je suis au poste, les yeux en kikine de poupouce et un peu vaseux. Le mécanicien n’est pas encore là. Il arrivera rapidement et extraira les 4 boulons cisaillés en soudant des boulons directement sur les morceaux restants de manière à pouvoir dévisser l’ensemble sans mal. Le tout en scandales et t-shirt sans aucun masque pour protéger ses yeux, sous un soleil de plomb, 35 degrés. Ce gars sauve notre voyage. Je rentre au camp nous chargeons les motos et nous voilà parti vers le Kilimandjaro. Petite journée de roulage nous sommes fatigués. Nous arrivons dans un campement au pied du Kilimanjaro début d’après-midi.

Jour suivant

Nous commençons le tour du Kilimandjaro, les paysages sont magnifiques, énormément de cultures ce qui donne des paysages verdoyants. Le Kilimandjaro est dégagé nous pouvons l’admirer. Dans l’ensemble les Tanzaniens sont moins accueillants et moins expressifs que les Kényans. Cependant tout se passe bien.

Jour suivant- première alerte mécanique

Nous commençons par admirer le lever du soleil sur la montagne qui fait face au camp. Après un petit déjeuner pantagruélique nous nous préparons à quitter le camp. Juste avant de démarrer nous constatons des traces anormales sur la roue avant de la moto de François. Ces traces nous font penser à une perte d’huile de fourche ou de frein. Nous inspectons la jante minutieusement sans trouver l’origine de la fuite. Pour en avoir le cœur net nous réalisons une inspection tactile et olfactive: nous arrivons rapidement à la conclusion qu’il ne s’agit pas d’un problème mécanique: juste le chien du camp qui a trouvé cet endroit opportun pour marquer son territoire…. Après un lavage de main un peu plus appuyé que d’habitude nous partons vers le lac Easy que nous atteignons en fin de journée. Nous ne trouvons pas de camping. Nous finissons par nous présenter dans un lodge. 200$ la nuit. Ce n’est pas dans notre budget, il n’y a rien à moins de 50 minutes de piste et la nuit va tomber. Finalement nous aurons une chambre miteuse dans le bâtiment des chauffeurs pour 80$. Sachant que c’est plus ou moins le salaire moyen en Tanzanie, on se fait bien escroquer.

Jour suivant

En route pour une journée de piste le long du lac. La piste est très bonne, nous faisons parfois des pointes entre 100 et 110 km/h. Il faut cependant rester très vigilant car il y a beaucoup de passages à gué. Et même si les cours d’eau sont asséchés la prudence s’impose. Il fait très chaud.

A la mi-journée nous arrivons à un passage où la piste traverse un cours d’eau, non asséché celui-ci. Nous sommes à peine arrêtés pour inspecter ce passage avant de nous lancer, qu’un homme arrive en criant et pose une longue perche de bois en travers du passage en guise de barrière. Nous restons là quelques minutes pour l’observer. Il ne cesse de crier en swaelli. Il est un peu effrayant nous décidons de chercher un autre endroit pour franchir la rivière.

Les rives surplombent la rivière de 2 à 3 mètres, il faut trouver un endroit moins abrupt. François trouve rapidement un endroit qui semble accessible. Il va le sonder à pied, le niveau de l’eau lui arrive légèrement au dessus du genou. Nous traversons l’un et l’autre sans difficultés particulières. Il nous reste à gravir le talus pour rejoindre la berge, et c’est la que les choses se compliquent. Nous sommes à l’intérieur d’un méandre et le talus est uniquement formé d’alluvions formant un sol aussi meuble que du sable fin. François se lance pour monter le talus, après trois mètres sa roue arrière s’enfonce et il ne peut empêcher sa moto de se coucher. On comprend immédiatement qu’il ne sera pas possible de monter le talus de cette manière. Nous décidons de décharger sa moto, de la faire monter, lui en marchant à côté et moi en poussant derrière. Nous sommes sous un soleil de plomb, la température dépasse les 35 degrés. Le moindre effort nous épuise rapidement. Nous arrivons à monter la moto sur la berge. C’est une première victoire mais ce n’est pas fini. François est à bout de souffle et je souffre aussi. Il faut encore hisser les 70 kg de bagages et les remettre sur la moto. Après quelques temps de pause, nous avons déchargé ma moto et nous nous préparons à la monter.

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Un guerrier massaï arrive avec son troupeau de vaches et traverse la rivière. Une vache s’enlise dans le cours d’eau, à bout de force elle n’arrive plus à s’extraire de la vase. Malgré l’aide du guerrier massai elle reste coincée. Nous décidons de lui venir en aide. J’attrape les sangles qui servent à attacher mes bagages et nous nous dirigeons vers le guerrier et sa vache. Il ne parle que swaélli, par des gestes, nous lui expliquons d’attacher la sangle autour des cornes de la vache. Une fois la sangle attachée, François et moi tirons de toutes nos forces pendant que le guerrier tire la vache par la queue. Après plusieurs efforts de traction nous parvenons à la hisser hors de la vase et de l’eau. Nous prenons le temps de souffler un peu et puis nous montons Matata sur la berge, cette fois avec deux bras de plus. Nous terminerons par refixer les bagages sur les motos. Au final nous avons passé pas loin de deux heures pour parvenir à traverser ce cours d’eau et nous y avons laissé pas mal d’énergie. Nous passerons encore trois bonnes heures sur les pistes. Par moment nous avons l’impression d’être dans le désert.

Cette nuit là sera particulièrement mauvaise: en fait nous ne nous en sommes pas rendu compte mais durant cette journée éprouvante nous nous sommes déshydratés. Nous avons souffert de crampes musculaires pendant toute la nuit.

Jour suivant

Le lendemain matin nous sommes complètement « patraques », nous aurons toutes les peines du monde à faire les 150 km pour rejoindre Mwanza sur les rives du lac Victoria. La vue sur le lac est magnifique, à peine arrivés, nous installons nos tentes et nous dormirons toute l’après-midi.

Jour suivant en route vers la frontière avec le Burundi…

13 thoughts on “A travers la Tanzanie”

  1. Repos plus que mérité! Cette aventure est loin d’être monotone.
    Meilleurs voeux à tous les deux!
    Et merci pour le partage de votre périple.

  2. Bravo à vous deux….quelle santé….que de rebondissements, prenez un peu de repos quand même.
    Au faite, l’expression des » yeux en quiquines de poupouce »je pensais être le seul à la connaître…😁
    Bonne continuation, c’est un plaisir de vous suivre…✌

  3. Que d’aventures ,… Grand bravo à vous deux , le dakar à côté de cela c’est vraiment de la Gnognotte… Bruno ramène moi mon mari vivant quand même hein, je te l’ai juste prêté en fait 😉

  4. Merci de nous transmettre ces moments de rêve et bon voyage vers le Burundi. N’oubliez pas d’embrasser mon cousin Jürgen Derweduwen ! Enjoy !

  5. Hello les aventuriers!
    Bonne année donc ! … Pas banal le décalage 😉
    Le récit de votre passage de frontière remue de sacrés souvenirs de nos anciens raids K organisés par Paul.
    Le passage de gué aussi… Grosse pensée en passant pour l’ami Sylvain -paix à son âme- qui nous avait quand même fait bien rire quand sa Honda a basculé du frêle esquif sur lequel elle avait été maladroitement juchée… A sa décharge, il faut bien avouer que ce n’est pas simple de garder en équilibre une pirogue de 40 cm de large avec un tel chargement !
    Plus tard, nous fûmes d’ailleurs plus malins en ficelant des chambres à air aux montures quand il s’agissait de traverser les éléments liquides qui barraient notre progression …
    Je revois aussi l’ami Philippe, éternel ouvreur, sonder le premier gué du jour à pied et se gratter le crâne -déjà bien dégarni- quand l’eau lui arrivait aux épaules ! :-)))
    d’où la pirogue …
    C’est bien sympa de vous lire, continuez à nous régaler de récits et de superbes photos!

  6. Que du plaisir de vous lire et quelle aventure vous vivez! Je vous souhaite mes meilleurs vœux et une très bonne année 2022 les gars. Bonne continuation mais surtout prenez soin de vous. A bientôt

    Raph

  7. Woaw,
    Autre chose qu’un bête safari vautré dans un 4×4 de luxe. Merci pour ce partage passionnant.
    Il m’est avis que François va perdre sa (légère) surcharge pondérale!

  8. Bonjour à vous 2. Avant tout, recevez mes meilleurs voeux pour cette année 2022. A ce stade, on ne peux que vous souhaiter un périple riche en découvertes tant au niveau faune, flore qu’humain. La rencontre avec les peuples africains est toujours une source d’enseignement à tout niveau. Je viens de prendre le temps de lire tous vos témoignages depuis le début de votre voyage. C’est un réel plaisir de vous lire!!! Quant aux photos, elles nous font rêver. Attention à la déshydratation car cela arrive beaucoup plus vite que l’on croit. Que la suite de votre périple se passe au mieux, avec de belles rencontres et découvertes. Continuez à nous faire vibrer par vos témoignages écrits et photographiques. Avec vous en pensées.

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